L'obsession de Jupiter

Spinoza visionnaire

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Spinoza visionnaire


"Je me sens un peu toujours chez moi quand je lis l'Ethique de Spinoza"
disait Bergson. J’aurais largement pu dire cette phrase à sa place, tant j’ai eu l’impression en lisant Spinoza qu’il ne faisait qu’écrire ce que j’avais moi-même en tête. Je crois n’avoir jamais découvert de pensée plus lucide que la sienne, et je ne sais pas comment il a pu être si clairvoyant, car dès que je me suis intéressé à l’astrophysique et à la thermodynamique, je me suis rendu compte que les intuitions qu’il avait eues se vérifiaient toutes.

Il avait identifié non seulement que le monde était entièrement fait d’une seule substance (« Il n'existe dans la nature des choses qu'une seule et unique substance »), précédant par-là l’observation d’Einstein selon laquelle la matière et l’énergie sont une seule et même chose, mais il avait également envisagé que toutes les choses qui composent notre monde ne peuvent exister que d’une manière donnée, en s’alignant sur une logique universelle : « Il n'y a rien de contingent dans la nature des êtres ; toutes choses au contraire sont déterminées par la nécessité de la nature divine à exister et à agir d'une manière donnée ».

Cette seconde intuition n’était finalement que la reformulation du fait que tout ce qui existe suit la même finalité ; faire en sorte que l’énergie qui compose toute chose soit optimalement dispersée. Cette intuition, Spinoza l’avait pourtant eue bien avant que la science moderne ne l’ait démontrée. En effet, s’il y a des structures à la surface du monde, elles n’existent qu’en vue de se perfectionner et d’augmenter leur rendement dissipatif, et disparaissent dès lors qu’elles ne réalisent plus un processus de dissipation d’énergie. Une fleur privée de soleil fane, un animal sans nourriture se meurt, tout comme l’eau s’arrête de bouillir quand la plaque sur laquelle est posée la casserole qui la contient n’est plus chaude, soit quand il n’y a plus de transfert de chaleur en cours.

Les travaux de François Roddier illustrent en effet comment toute structure à la surface de la Terre ne résiste à l'entropie, au regard de son organisation interne, qu'en apparence : elle ne le fait qu’en vue de perpétuer le processus de dispersion énergétique universelle autour d’elle. Et quand elle ne le fait plus, la structure disparaît. Les fleurs fanent et s’effritent comme les corps se décomposent ; toute chose ne peut exister qu’en s’alignant sur un principe universel, la dissipation de l’énergie, soit l’expansion de l’univers.

Spinoza pensait que le monde était extrêmement cohérent, et qu’il nous suffirait de comprendre son fonctionnement pour découvrir la clé de notre épanouissement. Au regard du caractère prémonitoire de toutes ses intuitions, je me suis prudemment rangé à ses côtés sur ce point, et j’ai cherché tout le long de mon existence quelle était la logique qui régissait le monde, afin de pouvoir découvrir notre place en lui, notre entéléchie, et nous épanouir. Et c'est finalement ce questionnement que contient mon livre.

Deco Deco

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